Philanthropie

Philanthropie: l’injustice sociale silencieuse envers les ONG locales

Facebook
X
LinkedIn
WhatsApp

Dans le paysage de la philanthropie internationale, un paradoxe persiste et s’amplifie : des ONG locales compétentes, ancrées dans leurs communautés et porteuses d’expertise réelle, se voient régulièrement écartées des financements internationaux. La raison n’est pas leur incapacité à agir, mais plutôt des critères de sélection rigides et exclusifs qui privilégient la réputation institutionnelle au détriment de la compétence humaine. La confiance n’est donnée qu’aux ONG internationales ou celles locales dites éprouvées ou recommandées. Alors que plusieurs responsables des ONG locales d’aujourd’hui ont eu  des formations supérieures en gestion ou coordination des projets de solidarité internationale, d’autres en gestion financière, en ressources humaines, en logistique, en sécurité en milieu humanitaire, etc.. Certains sont ou ont été responsables des ONG internationales. Cet aout, profitable aux actions de terrain en milieu communautaire, est négligé au profit des considérations de conformité et institutionnelles. Aussi, une ONG locale peut engager à tout moment les compétences en gestion financière tout comme les ONG internationales le font après les financements, si c’est la gestion des fonds qui impose les critères d’exclusion de côté des fondations ou des bailleurs.

  1. Réputation vs compétence : un biais structurel

Trop souvent, les bailleurs évaluent la taille, l’ancienneté, la visibilité internationale ou encore le volume de fonds déjà gérés par une ONG. Ces critères, bien que compréhensibles pour des raisons de gestion des risques, occultent une réalité fondamentale : ce ne sont pas les organisations en elles-mêmes qui réalisent les projets, mais les personnes qui les composent.

Ainsi, des ONG locales, pourtant animées par des professionnels chevronnés ayant géré des projets de plusieurs millions d’euros ou de dollars dans de grandes institutions internationales, sont écartées des financements  faute d’un historique institutionnel et financier reconnu. Résultat : leur expertise individuelle est ignorée simplement parce que l’entité qui les rassemble est « jeune » ou « peu connue ».

Le paradoxe est frappant : certaines grandes ONG internationales, jugées « fiables » par les bailleurs, sous-traitent leurs activités de terrain à ces mêmes ONG locales qu’elles contribuent à exclure du financement direct. Celles-ci réalisent le travail concret, mais restent invisibles dans les circuits de financement officiels. Elles deviennent des exécutantes là où elles pourraient être des actrices à part entière.

  1. Le piège des critères et exigences actuels

Les critères imposés par de nombreux bailleurs : ancienneté, volume de fonds déjà gérés, audits passés, taille de l’organisation, réseau international sont censés rassurer. Pourtant, ils ne garantissent ni la qualité du travail ni l’impact réel sur le terrain, surtout après les financements.

Ces exigences traduisent surtout une logique bureaucratique qui vise à minimiser les risques administratifs, souvent au détriment de l’innovation et de la durabilité des actions. Elles créent un cercle vicieux : les ONG locales compétentes mais nouvelles n’ont pas accès aux financements et ne peuvent donc pas prouver leur capacité à gérer de grands projets. Elles n’auront jamais des appuis des bailleurs, même si elles deviennent anciennes.

  1. L’impact réel sacrifié sur l’autel de la bureaucratie

Cette logique bureaucratique a un coût. Dans de nombreux cas, elle crée des chaînes d’intermédiaires entre les bailleurs et les communautés. Chaque intermédiaire prélève sa part de ressources pour la gestion, diluant ainsi, sur le terrain, l’impact réel des fonds pourtant sécurisés par les critères. Des fois, les agents des ONG internationales dans les milieux sont mieux rémunérés par rapport aux ONG locales qui deviennent des sous-traitants dans les projets sans au moins être assurées.

Par ailleurs, cette approche favorise des projets standardisés, parfois déconnectés des réalités locales, là où des structures enracinées dans les communautés pourraient offrir des solutions locales plus adaptées, plus flexibles et plus durables. La réputation administrative l’emporte sur la pertinence et l’efficacité de l’action.

  1. Donner aux ONG locales les moyens d’agir : des pistes concrètes

Malgré ces obstacles, il existe des leviers efficaces pour rééquilibrer la relation entre bailleurs et ONG locales :

  • Valorisation de l’expérience individuelle de leurs membres : mettre en avant les compétences, formations et réalisations des membres clés, même si elles ont été acquises dans d’autres organisations ;
  • Mise en place des systèmes flexibles de financement sans restriction avec la gestion transparente (plusieurs outils et logiciels de gestion existent aujourd’hui) : adopter dès le départ des mécanismes clairs de suivi, de reporting et d’audit, même en l’absence d’un historique institutionnel et financier important ;
  • Proposition des financements modulables par phases : commencer financer des projets pilotes de 2 à 3 ans pour permettre à l’ONG locale de démontrer l’impact et l’expertise, puis élargir le programme progressivement dans une vision de durabilité sur le long terme ;
  • Initiation  des consortiums de partenariats stratégiques : association des ONG locales à des organisations internationales accréditées pour renforcer la confiance tout en encourageant le transférant des capacités ;
  • Adoption d’une approche “communautés-first”  pour plus sensibilité à l’efficacité et à l’impact pour attirer d’autres bailleurs.

Conclusion : repenser la philanthropie pour l’efficacité réelle

Ce ne sont ni la taille ni l’ancienneté d’une ONG qui garantissent la réussite d’un projet. Ce sont la compétence, la stratégie, la proximité avec les communautés et l’impact concret de ses actions. Tant que la philanthropie internationale continuera de privilégier la réputation institutionnelle au détriment du potentiel humain, elle continuera d’exclure des acteurs locaux pourtant essentiels à la transformation durable des communautés.

Il est temps de réinventer les critères de financement, de les rendre plus flexibles, plus inclusifs et davantage centrés sur la valeur ajoutée réelle. L’injustice sociale silencieuse envers les ONG locales n’est pas seulement un problème moral : c’est un frein majeur à l’efficacité de l’aide et au changement durable.

📩 Contact pour collaboration ou financement :

  • ONG : IAMDES-Togo
  • Email : info@iamdestogo.org
  • Téléphone : +228 92 71 30 88
  • Site web : https://iamdestogo.org

2 réponses

  1. Une ONG locale qui n’obtiens pas de financement, elle est privée de son élan de développement et la population cible en paye de lourd tribut.
    C’est pourquoi faire un don conséquent à IAMDES-TOGO s’avère nécessaire et important. Je fais ma part et vous ? Vite un don pour réaliser les projets communautaires.

  2. Nous vous remercions sincèrement de ce document et souhaitons de préserver l’état de droit et de la bonne gouvernance de toute personne humaine.

    Notre Association de Lutte Contre les Violences Sexuelles et Appui à la Promotion du Développement Durable « ALUCOVIS-APDD » s’engager à rehausser du partenariat de collaboration et stratégique en terme s’amplifier et conjuguer nos efforts.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *